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Livre XIX

de Christophe CLARO

Livre XIX

Prix éditeur : 19,35 €

Collection : Verticales

Éditeur : VERTICALES

EAN : 9782843350702

Parution : 28 mars 1997

Pagination : 397 p.

Poids : 399 g.

Neuf 19,35 €

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Coup de cœur

La première grande fresque historico-mythique de Claro : un régal exigeant.

Publié en 1997, Livre XIX est le premier des grands romans de "mythologie contemporaine" de Claro. Consacré au XIXème siècle, il préfigure de plus d'une manière CosmoZ (2010) couvrant la période 1900-1950 et Tous les diamants du ciel (2012) portant sur 1950-2000.

Incorporant une partie de travaux préalables (ceux consacrés au serial killer du Second Empire, Jean-Baptiste Troppmann), ses 400 pages créent un écheveau complexe, demandant un authentique et bien agréable effort au lecteur, qui doit, dans l'ensemble des "scènes" et "documents" proposés, construire le fil conducteur reliant, en de multiples échos parfois aussi impressionnants que surprenants, la figure centrale de la jument XIX, incarnation du cheval "disparaissant" au cours du XIXème siècle, proie désignée des explosions plus ou moins aléatoires et des équarrisseurs en voie d'extension, aux aérostats, aux gaz de ville, aux machines infernales et aux complots, aux compositeurs classiques et modernes, aux cosaques comme tropisme potentiellement fatal, à Berlioz et à Haydn, ou encore aux inventeurs de panoramas et de dioramas, de photographies et de torpilles, de machines à vapeur et de mélanges détonants ,...

Le jeu entre registres de langage (que ne renieraient ni Rabelais ni David Foster Wallace) peut parfois désarçonner, et il faudra jongler entre notes savantes, procès-verbaux de police, monologues d'illuminés, confessions de psychopathes ou dialogues fictifs entre utopistes pragmatiques et conspirateurs néo-machiavéliens, pour de grands moments de joie lectrice lorsqu'au détour d'une phrase, d'un paragraphe, d'un chapitre, une nouvelle "correspondance" baudelairienne apparaît, ténue d'abord mais prenant peu à peu son essor...

Du grand art, exigeant et salutaire.

Que dirais-tu, lecteur, d'un siècle qui ne soit qu'une litanie d'attentats manqués où chaque machine infernale détrônerait l'orgue dans une messe inédite, d'un siècle bardé d'inventions frauduleuses, de quinquets explosifs, de panoramas disciplinaires, de thérapies ondulatoires, d'émeutes musicales, d'embaumeurs cavaliers, d'assassins vendus aux complaintes, d'expositions n'ayant d'universel que la faculté à se dégrader, de fééries hippophagiques, de brevets littéraires, de feuilletons "livrés" aux incendiaires, de Cosaques fouriéristes ?
Que dirais-tu, lecteur, d'un livre qui, loin d'être le dix-neuvième siècle revisité, n'en soit que l'épreuve inique, la doublure tantôt docte, tantôt farce, où viennent parader quelques "molécules désagrégées", quelques figures catastrophiques ?
De là, ces vignettes artificieuses, rêvées ou dérobées, copiées ou prolongées, achevées ou trahies, lues ou reconnues, mais toutes issues d'une même manie : celle d'un siècle défunt s'épelant, s'inventant à son corps défendant une genèse irascible, des avatars obstinément chevalins, une apocalypse balbutiante.(...)

Un siècle aura suffi pour qu'une nation fasse son deuil de la phlogistique dans le même temps qu'elle écartait les savants de sa rage révolutionnaire, s'abrutisse de gaz au point de ne plus savoir si elle voulait qu'il la portât aux nues factices ou l'aveuglât d'un crépuscule infini, puis se lance à corps perdu à l'heure de son apocalypse dans le rêve du feu grégeois, ce feu mythique dont se servaient les artilleurs musulmans pour effrayer les chevaux chrétiens. (...)

Le panorama encerclait amoureusement le visiteur dans une étreinte panoptique ; le diorama, telle une barricade d'ombres et de lumières, l'écrase de toute sa suffisance. Et Daguerre s'offre même le luxe de disposer entre la toile et le public quelques "accessoires" : chaises d'église, rochers de carton, buissons ardents... La multiplication des plans intermédiaires opère la copulation grotesque du proche et du lointain en sollicitant chez le spectateur un goût du simulacre qu'il croyait réservé au manège social. (...)

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