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Nocturama : textes-rêves & hypnagogies

de G-Mar .

Nocturama : textes-rêves & hypnagogies

Prix éditeur : 12,00 €

Collection : Poc !

Éditeur : GRAND OS (LE)

EAN : 9782912528216

Parution : 14 novembre 2014

Pagination : 96 p.

Façonnage : carré/collé

Poids : 127 g.

Neuf 12,00 €

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Coup de cœur

Un puissant flow poétique onirique, habité de redoutable réel halluciné.

Publié en 2014 dans la nouvelle collection POC ! de l’éditeur toulousain Le Grand Os, le deuxième texte publié de l’Ardennais G.Mar propose une passionnante expérience de construction d’une prose onirique ardente, qui renvoie fort justement au sous-titre de ce « Nocturama » : « Textes-rêves & hypnagogies ».

Mêlant en un flot liquide qui, sous l’apparence du spontané et de l’aléatoire, développe soigneusement une construction rigoureuse associant redoutables images du monde, rebattues ou cachées, et potentielles idiosyncrasies d’un auteur au sommeil éveillé, ces rêves cauchemardesques et ces délires idylliques substituent aisément une lecture sociale et politique de la culture telle qu’elle va à une présence par trop intime, illuminations (Rimbaud, comme le rappelle Claro, irriguant largement ce texte) autrement plus éclairantes qu’une exploration freudienne ressassée d’un inconscient qui l’est de moins en moins.

- des hommes poussent des caddys remplis de sacs aux couleurs d’un supermarché discount à travers les faubourgs les plus reculés d’une ville du Nord de la France – je les suis entouré d’un bataillon d’enfants crasseux vers leurs bidonvilles – les femmes les attendent avec la récolte de leurs mendicités et les accueillent de leurs cris tel un regroupement de goélands autour du cadavre d’un phoque échoué sur la grève – c’est un chant obsédant et sans âge – la traduction mélancolique d’une vieille douleur – des chiens attachés aux essieux de leurs caravanes tirent comme des damnés sur leurs chaînes et s’étranglent et aboient au milieu d’un tas de détritus et d’objets de récupération – nous franchissons les portes invisibles du royaume de Cham – c’est un bidonville – j’ai la vision très précise des villes de demain – un pressentiment de pauvreté exponentielle qui finira par modeler la surface de la Terre à son image – insalubre -

Flow saisissant, mobilisant ses décors de flamme et de fureur pour mieux offrir ses rares haltes haletantes et toujours comme menacées, pétri du contemporain glacé comme de l’historique halluciné, « Nocturama » offre une rare expérience à la lectrice ou au lecteur, dans laquelle il faut s’immerger, sans espoir de relaxation, la crainte au cœur, la poésie et la beauté explosant à chaque ligne dans d’incrédules neurones.

Faux décor d’alpages recouverts de neige, nous en avons jusqu’aux genoux, ne percevant à mi-pente, où nous nous trouvons ma femme et moi ni les sommets ni le fond des vallées dissimulés par une brume condensant en son sein un trop-plein de lumière (sous forme d’une nébuleuse ovoïde) – univers étrangement statique – aucun repère visible pour prendre la mesure de notre avancée nous arpentons un désert fait de poudreuse et de glace – pas lents menés main dans la main loin des obligations professionnelles qui font la substance moribonde de notre quotidien ces derniers temps – nous voici enfin en vacance – nous peinons à nous frayer un chemin dans la neige – la trace de nos pas – blanc sur blanc – disparaît à chaque enjambée derrière nous – seuls et comme le premier couple humain découvrant une nouvelle Islande – heureux de nous trouver seuls – enfin !

Quatrième de couverture

Des villes s’écroulent dans des expériences de mort imminente – Des mercenaires virtuels traversent plusieurs guerres, exhumant au passage l’histoire familiale du rêveur de la fange des siècles – Une descente dans les limbes d’un continent sud-américain le mène jusqu’à la révélation d’un soleil fondu dans la bouche – Une fille conduit sous acide dans un paysage de campagne parsemé d’industries appelées à s’écrouler à la suite du mur de Berlin – Un amour de jeunesse refait surface sous les traits du personnage de Caddie dans Le bruit et la fureur de Faulkner – Des flics américains en carton déferlent toutes sirènes hurlantes jusqu’au seuil d’une inquiétante maison freudienne – Des images des attentats du 11 septembre défilent en boucle sur les eaux sénégalaises du Saloum…

Passablement étrangers à la psychologie des profondeurs, aux grandes effluves de l’introspection comme aux simples fantasmagories de l’absurde, les "récits" qui composent Nocturama esquissent la cosmologie mentale d’un monde en première personne du singulier dont la physique particulière, et les lois qui en régissent l’ordre sensible, est sourde aux règles de la narration bien comprise (espace homogène et temps des horloges). Si les rêves appartiennent ainsi à des temps pré-historiques (pré-narratifs), reste qu’ils s’ancrent dans l’inéluctable biographie du rêveur – son propre passé – mais aussi l’histoire impersonnelle à laquelle il appartient : l’histoire familiale en premier lieu (reçue en héritage), et l’Histoire tout court, ce cauchemar dont on essaie de s’éveiller comme le souligne Stephen Dedalus dans Ulysse. Mixte de matière personnelle et impersonnelle, ce recueil fait signe vers ce qu’on pourrait appeler de nouvelles mécaniques lyriques.

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