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L'homme à la carabine

de Patrick PÉCHEROT

L'homme à la carabine

Prix éditeur : 8,90 €

Collection : Folio

Éditeur : FOLIO

EAN : 9782070448333

Parution : 11 octobre 2012

Pagination : 336 p.

Poids : 172 g.

Coup de cœur

Des graines d'anarchie dans le terreau d'une époque.

L'homme à la carabine, c'est André Soudy, le petit dernier de la bande à Bonnot, le gamin dans un manteau d'homme, trop vite poussé, les poumons en vrac et l'idéal au ventre.

La Commune s'est finie dans le sang, la guerre de 14 approche. Les "anarchisses", eux, y croient encore : vie en communauté, potager collectif, lectures, conférences du soir... et quelques illégalistes qui deviennent des bandits tragiques : la bande à Bonnot lance le premier braquage en automobile, s'attaque à un garçon de recette ou à la demeure d'un vieux couple bourgeois, ouvre des coffres, braque des armureries...

André Soudy les rejoint alors qu'ils sont déjà traqués par la police, leurs têtes mises à prix dans les journaux.  André Soudy, "Bécamelle, l'homme artichaut, l'innocent du monde". 

"J'ai la caille, moi. Jamais eu le pot. Même pas foutu d'aligner un guignol... Ci-gît André Soudy qui réussit à tout rater, ce serait valable en épitaphe sur ma pierre tombale".

Le récit est composé d'une mosaïque d'instants (d'instantanés ?)  : des chapitres très courts, que ce soit de la narration à divers moments de la vie d'André, des extraits de dialogues ou monologues avec un journaliste ou son avocat quand il sera en prison, des photos, des "arrêts sur image", des "feuilles volantes"... 

L'auteur maintient un rythme de va-et-vient permanent entre les instants vécus par la bande à Bonnot et l'image, l'imaginaire, qu'ils ont laissé derrière eux : ce qu'en raconte André Soudy en prison, ce qu'en diront les journaux après, puis encore plus tard Brassens écrivant  "mort aux vaches, mort aux lois, vive l'anarchie" ou un film de Philippe Fourastié, ou un poème d'Aragon...

Dans ses romans, Patrick Pécherot ne cesse d'évoquer le début du siècle, enfin l'autre, le XXème : la guerre de 14-18 dans Tranchecaille, la guerre d'Espagne dans Belleville-Barcelone. Et il le fait bien. Très très bien. La gouaille, les odeurs, les pavés, les zincs, tout y est, tout est juste.

Il s'en dégage une vraie tendresse pour ces personnages, pour une époque, et quelque chose comme un éclat de rire forcé, une grimace entre ironie, désespoir et révolte.

"- Vous aimez les armes ?

- Vous voyez ? Vous me demandez pas si j'aime les légumes... Aimer les armes... Un révolver sert à défendre sa peau. Autant savoir s'en servir. Et puis, chacun ses petites manies. Elles ne prouvent rien. Les journaux font de la réclame pour les fusils de chasse. Ca en fait des pousse au crime ? Remarquez, faudrait demander aux lapins."

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