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Tous les diamants du ciel

de CLARO

Tous les diamants du ciel

Prix éditeur : 20,00 €

Collection : ACTES SUD

Éditeur : ACTES SUD

EAN : 9782330010119

Parution : 18 août 2012

Pagination : 247 p.

Façonnage : broché

Poids : 249 g.

Coup de coeur de Charybde 2

Un roman éblouissant où LSD et idiot de village révèlent, entre autres, la nature de la guerre froide...

Ce nouveau roman de Claro, publié fin août 2012, poursuit de plus d'une manière le travail magistral de CosmoZ (2010). Là où il s'appuyait sur des icônes mythiques nées avec le XXème siècle (Le magicien d'Oz, 1900) pour construire une étonnante "grille de décryptage" de la période 1910-1950, il utilise cette fois la fameuse "affaire du pain maudit" de Pont-Saint-Esprit (1951) pour réussir un furieux assemblage, dont le LSD constitue le fil rouge, de la guerre froide et de la contre-culture des années 60-70, et proposer ainsi une lecture acide de l'autre demi-vingtième-siècle, le plus récent.

Comme souvent avec Claro, "raconter l'histoire" tiendrait à la fois de la gageure et de l'horrible gâchis, tant il y a merveille à la voir surgir au fur et à mesure de son bain révélateur. Notons qu'il parvient en 250 pages à créer trois personnages majeurs, dignes des plus grandes figures de la littérature : un extraordinaire "idiot du village" (qu'il y ait ou non hommage à Flaubert), une belle rescapée des années psychédéliques, et enfin un manipulateur d'agents secrets, que ne renieraient certainement ni Deighton ni Le Carré.

Notons surtout que l'auteur atteint ici un niveau de maîtrise de la langue, de ses respirations intimes, qui a de quoi vous laisser les yeux brillants et le souffle court sans l'aide d'aucune substance additionnelle. Les résonances entre rythme et vocabulaire parviennent à convoyer des sensations authentiquement polyphoniques au sein d'un même paragraphe, parfois d'une même phrase, que ce soit pour décrire la f!èvre saisissant Pont-Saint-Esprit ou le cynisme des opérations secrètes, en leur conférant de multiples autres dimensions, en continu - dont une étonnante construction en filigrane d'une figure christique... Rare talent.

Ils s'égarent dans leurs propres gestes, prêts à saisir l'ombre d'un fruit oublié sur la table de la cuisine ou le cercle laissé dans l'air par la bouche ; ils courent le long du fleuve en cherchant dans leurs souvenirs un caillou qu'ils ont lancé dans une autre vie et qui, nécessairement, ne va pas tarder à retomber, moins lourd, plus précieux ; ils allument le poste et laissent les récits d'explorations et de couronnements ne former qu'un seul et scintillant poème où des hommes assoiffés d'hymens et de glaciers gravissent des cathédrales de chairs et de dentelles. Ils voient le tracé des os dans le bras replié que le fils dresse entre sa joue et le coup qu'ils hésitent à donner, maintenant que les conséquences défient les causes. Un mille-pattes, parfois, les instruit, complice de picotements qu'ils supposent prémonitoires d'un membre jamais arraché. Les draps sentent le marbre, et dans les cimetières des lueurs étonnantes chantent à tue-tête. Personne, jamais, n'ira sur la Lune, ils le savent, là où les cratères sont pourtant attente, attente pure. (...)

Bien sûr, il s'agissait de travailler pour l'Agence, bien sûr la CIA avait des comptes à rendre, des documents à tamponner, mais comme toute boîte qui se respecte elle possédait un double fond où s'agitaient mille vipères tandis qu'au grand jour quelques colombes apprivoisées picoraient des gaufrettes en battant des ailes pour la galerie. La guerre était froide et les cervelles essorées à trois cent soixante degrés. La vérité était un sérum corsé qu'on sifflait dry, en rejetant sèchement la tête en arrière, mais pas pour voir le ciel, non, juste l'applique lumineuse au plafond, certainement truffée de micros. La propagande prenait un tour chimique, et le moindre Américain se savait susceptible de contracter le virus mandchou. En même temps que libre, l'homme occidental se réveillait potentiel pantin, girouette vouée aux vents de la propagande, hypnotisable à merci.

Que l'on me pardonne cet enthousiasme un rien dithyrambique, mais on tient là une pièce maîtresse illustrant ce que peut (ce que doit ?) être la littérature aujourd'hui.

Quatrième de couverture

Tombé dans le siècle du LSD et de la guerre froide en mangeant un morceau de “pain maudit” un jour de 1951 à Pont-Saint-Esprit, un jeune mitron, Antoine, entame un improbable et convulsif voyage au terme duquel, après diverses escales dans la rade de Toulon et le désert algérien, hanté par des rêves de Madones, il échoue, à Paris, en 1969, dans le sex-shop de Lucy Diamond, ex-junkie américaine.

De la France profonde au Paris post-révolutionnaire, en passant par “l’été de l’amour” californien, Tous les diamants du ciel dévoile, sur fond de sexe, drogue et rock’n’roll et à l’heure où l’homme marche enfin sur la Lune, la face cachée de l’utopie psychédélique et le rôle qu’y joua la CIA.

Dans ce roman tout en chausse-trapes que travaille une écriture violente, amoureuse des vertiges, Claro chorégraphie les distorsions et les ténèbres du psychisme, emportant le lecteur, de la Terreur à la Pitié, dans une expérience d’une inquiétante et bouleversante intensité.

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