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Les Veilleurs

de Vincent MESSAGE

Les Veilleurs

Prix éditeur : 22,00 €

Collection : Cadre rouge

Éditeur : SEUIL

EAN : 9782020997072

Parution : 20 août 2009

Pagination : 636 p.

Poids : 680 g.

Coup de coeur de Charybde 2

Incroyable hybride de thriller policier et de quête poétique à la Gracq / Jünger / Abeille.

Publié en 2009, le premier roman de Vincent Message (26 ans à l’époque) tranche, dans une production contemporaine fréquemment quelque peu timorée, par son ambition et sa maîtrise, développées en 750 pages impressionnantes.

Quelque temps après sa condamnation surprise (car il présentait bien des aspects d’irresponsabilité pénale) à l’emprisonnement à vie, Oscar Nexus, un marginal asocial qui survivait dans un petit boulot de veilleur de nuit, avant d’abattre un beau matin trois personnes en pleine rue, est ré-interrogé, en profondeur, par le psychiatre non conventionnel Traumfreund et par l’ex-policier d’élite Rilviero, mandatés par le puissant politicien Drake, qui voudrait être certain que la mort de sa maîtresse, l’une des trois victimes, était bien le fruit du hasard, et non celui d’une attaque à son encontre…

Bien qu’ayant gardé un mutisme obstiné pendant toute l’enquête initiale et tout le procès (ce qui n’avait pas peu contribué à la peine prononcée), suite à un changement de méthode (Traumfreund est un adepte d’une forme actualisée et subtile de l’anti-psychiatrie de Cooper, de Laing et de leurs émules) et d’environnement (une annexe de la clinique du Dr Traumfreund, située en pleine montagne, œuvre d’un architecte profondément original et lui-même ancien patient), Nexus se met, peu à peu, à parler.

Se confiant aux deux enquêteurs, il raconte par le menu, en une terrifiante spirale irrationnelle pourtant de plus en plus crédible, sa précaire installation entre notre monde diurne, auquel il ne semble pas vraiment appartenir, et un autre monde, nocturne, qu’il parcourt dans ses longs rêves, observateur aux côtés de Calder, prêcheur intellectuel tentant désespérément d’y unir toutes les forces vives, prêtes à se déchirer entre elles, businessmen, militaires, artistes, savants, sectateurs religieux, au lieu de se rassembler pour faire face à l’inexorable croissance du désert dévastateur au sein de leur univers clos, et quelles circonstances issues de l’onirique l’amenèrent in fine à commettre son crime étrange…

Maniant solidement tous les codes du grand thriller policier, Vincent Message réussit à l’intérieur de ce cadre apparent une formidable hybridation, dans laquelle retentissent avec force et poésie des accents de Julien Gracq, d’Ernst Jünger (celui des « Falaises de marbre », bien entendu) ou de Jacques Abeille, distillant le rêve, le doute, l’incrédulité, à chaque rebond des consciences de cette incroyable « enquête ». Une mise en abyme du pouvoir performatif de la narration, et aussi, tout simplement, du grand art, que peu de romanciers atteignent, tout particulièrement lors d’un premier roman.

« Et ainsi, Calder parla aux représentants des Vallées :
"-C'est pour ça que je disais à Arlington : ne renoncez pas aux ignares ; faites en sorte que ça suive, et vous aurez des troupes ; sortez et vous recruterez des gens qui vous aideront. Car il faut, une bonne fois, que nous nous mettions d'accord sur les fins. La fin ultime que nous poursuivons, est-ce le savoir, ou est-ce la vie ? Vous donnez trop souvent l'impression de ne vous occuper que de livres, mais je pense qu'au fond c'est bien la vie que vous avez en tête. Alors, si c'est la vie... il faut pratiquer les fins dès le début, même en pure perte, même avec des gestes maladroits. Et je vous dirai aussi : nul ne peut servir deux maîtres ; vous ne pouvez pas servir et les livres et la joie ; vous êtes parfaitement libres de consacrer toute votre vie au savoir, et d'oublier la joie, enfermés dans la prison de vos crânes. Ou alors : servez la joie, servez-la par les livres, montrez comment votre savoir transforme en aventure de chaque instant ce qui, sans lui, n'est que survie, cycle de pur hasard, digestion et défécation. Allez à la joie en prenant ce détour. Montrez aux autres pourquoi le détour est nécessaire, quel investissement il représente, et pour quel gain énorme ! Ou bien enfermez-vous, mais dans ce cas : en entrant dans le caveau des idées que seul le cénacle est capable de comprendre, soyez bien conscients que vous laissez la vie à la porte !" »

 

Quatrième de couverture

Oscar Nexus a tué trois personnes dans la rue, puis il s’est endormi sur les cadavres. Nexus est un marginal auquel son emploi de veilleur de nuit n’a donné qu’un ancrage très fragile dans la réalité. Interné dans une clinique, il est pris en charge par Joachim Traumfreund, un médecin atypique et brillant. C’est à lui et à Paulus Rilviero, un officier de police, qu’on confie le soin de tirer au clair les mobiles de Nexus et de déterminer s’il est responsable de ses actes.

Afin de se consacrer à ce cas intriguant, Traumfreund transfère le criminel dans une annexe de la clinique, un bâtiment situé dans un coin de montagne que l’hiver isole peu à peu. Une fois sur place, nos deux enquêteurs découvrent que Nexus est un dormeur pathologique qui reprend nuit après nuit le fil du même Grand Rêve. Pour comprendre son crime, Traumfreund et Rilviero vont devoir s’immerger dans cet univers onirique où Nexus mène une véritable vie parallèle. Captivés par les récits du meurtrier, ils sont parfois rattrapés par le doute : comment être sûrs qu’ils n’ont pas affaire à un fabulateur ?

À partir de ce fait divers, Les Veilleurs nous entraîne dans une exploration passionnante des territoires de la folie et du sommeil. Reprenant certains codes des grands thrillers hollywoodiens, l’auteur compose une fresque sur la place de l’imaginaire dans la société moderne, plus rationaliste qu’aucune autre, mais aussi fascinée par les mondes virtuels et les faces nocturnes de la réalité.

Vincent Message est né en 1983 à Paris. Les Veilleurs est son premier roman.

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