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Cinacittà

Cinacittà

Cinacittà
de Tommaso PINCIO
ed. ASPHALTE

Publié en 2008, traduit en français en juin 2011 par les audacieuses éditions Asphalte, Cinacittà est le troisième roman de Tommaso Pincio (Marco Colapietro). Il y atteint un nouveau sommet, en combinant des prémisses spéculatives relativement simples, mais osées (une Rome de « bientôt dans le futur », victime de canicules insoutenables du fait du réchauffement climatique, se vide de ses habitants d’origine, remplacés par des immigrés chinois), et la maîtrise jubilatoire des confessions apparemment décousues d’un « loser lucide », accusé d’un «crime atroce».

La férocité joyeuse de la caricature (les pires travers, réels ou fantasmés, de toutes les Chinatowns du monde assemblées en un seul lieu, et multipliées à l’envi), la subtilité des perceptions de la décadence progressive, qui s’accélère (la citation d’Hemingway qui hante le roman est emblématique : « D’abord petit à petit, puis d’un seul coup »), et enfin la saveur de la machination qui se dévoile lorsque le monologue du narrateur trouve sa cohérence, composent un mélange détonant, dont les derniers mots du livre fournissent peut-être la clé ironique (mais dont la connaissance préalable ne gênera pas votre lecture !) :

« Bon, je crois avoir tout dit. Il ne manquera que la morale de l’histoire. Chaque histoire doit en avoir une. Concernant le crime atroce dont je viens de vous faire le récit, la morale pourrait être la suivante : LISEZ BEAUCOUP DE BIOGRAPHIES. Une seule ne suffit pas. (…) Lisez-en et offrez-en à vos amis, vous ne pourriez pas leur rendre plus grand service. Si elle vous a plu, offrez-leur la mienne, comme ça vous m’en rendez un, à moi aussi. J’ai de quoi manger, certes. Mais pour le reste, la prison n’est pas un pays de Cocagne. Ici, la vie est chère comme partout ailleurs. »