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Le colosse de Maroussi

Le colosse de Maroussi

Le colosse de Maroussi
de Henry MILLER
ed. BUCHET-CHASTEL

La rencontre décisive de Miller avec la Grèce, qui fonde sa nouvelle vision de la vie...

Publié en 1941, ce "récit" par Henry Miller de son voyage en Grèce en 1939-1940, interrompu par la guerre qui le renvoie, contre sa volonté en quelque sorte, aux États-Unis, marque un important tournant dans son écriture comme dans sa conception de la vie, qui trouveront leur achèvement provisoire par la suite avec "Big Sur et les oranges de Jérôme Bosch".

Saisissant rencontres et découvertes, des moments passés avec son ami Lawrence Durrell et son épouse, ou plus encore avec le "colosse de Maroussi", Katsimbalis, et d'autres compagnons de hasard, souvent fugitifs, du premier contact avec la Crète ou avec le Péloponnèse, Henry Miller dégage et renforce peu à peu, bien au-delà de la bohème des années passées, les éléments d'une mystique laïque, faite d'un curieux panthéisme, d'une célébration de la vie, de la simplicité et de la bienveillance, nimbées d'une profonde culture et d'une intense curiosité refusant tout estampillage académique...

Un étonnant tour de force, dont même certaines naïvetés occasionnelles (et certaines colères mémorables) ne peuvent gâcher la profonde incitation à penser et à vivre qu'il constitue.

"Ce fut là qu'un soir je rencontrai Katsimbalis. (...) Pour une rencontre, c'en fut une. De toutes les autres que j'ai faites dans ma vie - s'agissant d'hommes, s'entend - il n'y en a que deux qui puissent se comparer à celle-ci : celle avec Blaise Cendrars et celle avec Lawrence Durrell. Je n'eus pas grand-chose à dire, ce premier soir. J'écoutai, sous le charme, sous l'enchantement de chaque phrase qui tombait des lèvres de cet homme. J'ai vu tout de suite qu'il était fait pour le monologue, comme Cendrars (...). J'aime le monologue ; je le préfère encore au duo, quand il est bon. C'est comme si vous regardiez quelqu'un écrire un livre expressément pour vous : il l'écrit, le lit à haute voix, le joue, le révise, le savoure, s'en délecte et se délecte de votre joie, et puis le déchire et le disperse aux quatre vents. Spectacle sublime, car, tout le temps où il est en scène, vous êtes Dieu pour lui - à moins que, par hasard, vous ne soyez le dernier des veaux, des impatients et des butors. Auquel cas, l'espèce de monologue dont je parle ne se produit jamais."