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Playlist

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Playlist
de Christophe ERNAULT
ed. ANTIDATA

Pour elle, le monde se divisait en deux catégories : ceux qui avaient lu Playlist, et ceux qui non. Elle, elle le relirait.

 
Playlist résonne particulièrement à la librairie Charybde parce qu'il est sur la même longueur d'onde qu'une apocalypse de homards ou une attaque de dauphins tueurs... Humour, trash, absurde.
 
J'ai lu Playlist deux fois : la première m'a laissée perplexe, la deuxième m'a ébouriffée.
 
C'est un recueil curieux, où les nouvelles ont un rythme étrange. Les chutes brutales déconcertent le lecteur, des personnages apparaissent et disparaissent d'une nouvelle à l'autre. On croit d'abord à la coïncidence, puis au clin d'oeil et finalement, c'est une vraie construction qui réunit les textes en un ensemble cohérent.
 
Le clitoris était l'un des seuls véritables miracles de la Création (ex-aequo avec le double appel). C'était un organe dont l'unique fonction était le plaisir. Des mauvaises langues racontaient que certains chirurgiens esthétiques travaillaient déjà sa croissance future. Certains hommes n'auraient bientôt plus d'excuse. (Animal de ville)
 
Les nouvelles ont des titres qui pourraient être ceux de chansons de Thiéfaine (les anciennes), l'ambiance a un goût de sucre étanche, proche de Jean-Marc Agrati, l'humour a l'énergie d'un Julien Campredon. Un excellent mélange, de ceux qui piquent les gencives.
 
Adeline est dans un body bag à longue fermeture éclair hermétique fabriquée en Thaïlande. Impossible de sortir. Sa petite bouche est grande ouverte. Elle a une cassette coincée dans l'oesophage. Elle se demande comment elle va faire pour ses règles. Elle n'a rien sur elle. Que 2,8 grammes d'alcool dans le sang. (Des accidents arrivent)
 
Des tranches de vie étranges, des personnages paumés. Une vacuité de la vie moderne : de la baise sans désir, de la mort sans regrets, du rire sans joie. Soldes en grande surface, esprit corporate, téléréalité trash, accidents de voiture ou rencontres au musée. Du quotidien minable, vain. Mais sur cette toile, une explosion de phrases-chocs, de situations grotesques, de personnages barrés...
 
"J'ai dépensé pas mal d'argent dans l'alcool, les filles et les voitures. Le reste, je l'ai gaspillé." George Best (international irlandais de football).
 
Mis à part les trois premières propositions, lui c'était exactement pareil. Il avait le mal de l'air sans jamais avoir pris l'avion. Le mal de mer sans jamais avoir pris la mer. Le mal de terre sans jamais avoir pris de Lexomil.
 
Il pensait que plus il disait de conneries, moins il en pensait.  (La mort d'un héros)
 
Note pour plus tard : un recueil d'Antidata, c'est toujours du bonheur. [... et Charybde 2 est bien d'accord.]