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Rêves d'histoire

Rêves d'histoire

Rêves d'histoire
de Philippe ARTIERES
ed. VERTICALES

Comment travaillent les historiens ? se demande Philippe Artières en s’interrogeant sur sa propre pratique, et en nous livrant ses rêves inaboutis d’histoire, ses envies naissantes abandonnées et partagées dans ce livre afin de «faire circuler les idées, de les soumettre à la critique, de provoquer des rencontres aussi», pour «éprouver ses rêves à la réalité des lecteurs» ; ces rêves qui «déclinent une même question, suivent une identique obsession : écrire une histoire de l’infra-ordinaire.»

Ces rêves d’histoire, une trentaine de pistes évoquées en quelques pages d’une brièveté évidemment frustrante, plongent dans les traces, souvent écrites, du quotidien. Une excitation proche du vertige s’empare du lecteur curieux, en imaginant une histoire des routes, un de mes grands sujets de rêves autour de L’Odyssée et de la mythologie Nord-Américaine depuis de nombreuses années, en découvrant un embryon d’histoire des impostures, rêve dont le point de départ est les scams nigéro-ivoiriens, et qu’on pourra poursuivre en fiction en lisant le recueil collectif «Hoax» paru aux éditions Ère, le point de départ d’une histoire des navires composée à partir de leurs écritures de bord, d’une histoire de la cloison, et de l’intimité, autour de ces lieux de paroles cloisonnés que sont le confessionnal, le parloir et l’hygiaphone, ou encore d’une histoire des cartes sonores ou des biographies subies. 

«Le moment où un nouveau projet émerge est semblable à une ivresse : on se dit soudain qu’il faudrait faire l’histoire de tel ou tel événement, travailler sur telle ou telle notion, enquêter sur telle ou telle figure, entreprendre telle ou telle archéologie. Des interdits tombent, les repères s’estompent, on se laisse aller vers un ailleurs.»

Accueillant les apports de toutes les disciplines, et les traces souvent fragmentaires du quotidien, l’histoire rêvée par Philippe Artières n’est pas une matière objective et sèche, mais un objet de désir, le creuset fécond d’une pensée critique et le lieu d’un récit.

«Rêver n’est pas renoncer, bien au contraire.»