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Le grand nez de Lilli Steinbeck

de Heinrich STEINFEST

Le grand nez de Lilli Steinbeck

Prix éditeur : 9,40 €

Collection : Folio policier

Éditeur : FOLIO

EAN : 9782070449873

Parution : 13 juin 2013

Pagination : 448 p.

Poids : 224 g.

Neuf 9,40 €

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Coup de coeur de Charybde 2

Suprêmement parodique et déjanté, un thriller policier surprenant, ouvert à des résonances quasi-métaphysiques...

D'Heinrich Steinfest, auteur allemand célébré de polars bizarroïdes, je connaissais le Requins d'eau douce (2004) et son enquêteur indiscipliné et féru du philosophe Ludwig Wittgenstein. Ce Onzième pion de 2007 porte plusieurs crans plus loin la fête farceuse et déjantée.

La policière Lili Steinbeck, éclatante de beauté à cause de ou malgré son nez... surprenant (qui donne d'ailleurs son titre à l'original allemand du roman !), est confrontée à une série de disparitions inexplicables d'hommes ordinaires, dont le seul point commun semble être d'avoir croqué dans une pomme jetée par leur fenêtre et d'avoir séjourné à Athènes en 1995...

Nantie de ces minces prémisses, elle va se lancer à corps perdu, en compagnie d'un détective privé grec obèse et néanmoins invulnérable aux balles et aux blessures, dans une poursuite échevelée qui la mènera au Yémen en pleine guerre civile, à l'île Maurice aux récents développements mafieux, ou encore sur l'île française de Saint-Paul, qui abrite... une base secrète dédiée à la conquête de Mars !

Tentant de sauver l'un des "pions" d'un jeu qui semble englober l'humanité, rivalisant de vitesse, avec acharnement, avec un commando privé dirigé par un ex-spécialiste de la DGSE, elle survole le plateau pour mieux en dégager son propre destin, ironique et hilarant.

Il faut sans doute remonter au magnifique Johannes Mario Simmel et à son magique On n'a pas toujours du caviar (1963), extraordinaire parodie des grands romans d'espionnage, truffée de recettes culinaires insérées toujours à propos, pour trouver une source comparable d'ironie permanente, d'inventivité forcenée, et de dérive parfois proprement métaphysique sous le rire grinçant inextinguible qui traverse le roman...

Joonas Vartalo tomba. Et comme il resta tout droit, raide mort dès le premier de ses derniers instants, plus proche de l'arbre que de l'homme, on aurait pu se croire au théâtre. Être au théâtre : l'idée s'impose quand on se trouve dans une contrée martienne fabriquée de toutes pièces vingt ans plus tôt sur ordre du sommet de l'État et abritant des columbidés censés avoir disparu il y a trois siècles.
Cependant on n'était pas au théâtre. Un projectile sorti de l'arme d'Henri Desprez (pas un Verlaine, mais un engin sans nom, de facture plus ancienne et d'usage privé) avait pénétré entre les yeux du Finlandais, le tuant sur le coup. Steinbeck et Stransky, eux, possédaient tous les deux un Verlaine, mais l'Autrichienne fut seule à dégainer en un éclair. Elle braqua son pistolet sur Desprez tout en se plaçant devant Stransky, afin de lui offrir le rempart de son corps aussi complètement qu'il était possible à une femme de moins de soixante kilos de le faire pour un homme pesant vingt-cinq kilos de plus mais de même taille. Cœur, poumons, cerveau... Quoi qu'il en soit, cela parut suffire. D'un geste, Desprez indiqua à Steinbeck de cesser ses enfantillages et de s'écarter. Pour toute réponse, elle se contenta de viser sa tête d'une main précise et calme, tandis que le Français braquait encore son propre pistolet sur l'endroit où s'était naguère trouvée la tête de Vartalo.
Avec un sourire amusé, Henri Desprez baissa son non-Verlaine tout en ordonnant à Palanka et à son équipe de continuer à tenir Steinbeck en joue - mais sans tirer. Cela va de soi.
Jouant la désinvolture, il demanda :
"Que fait ici la police allemande ? On est en territoire français.
- Je suis en vacances", expliqua Steinbeck.


On se demandera pourquoi un objet aussi extraordinaire n'avait jamais été produit en série. Le fait est que cette association entre un vrai coléoptère et un personnage fictif de bande dessinée n'était pas transposable. Et puis on craignait, sans doute à raison, que beaucoup de gens ne se sentent mal à l'aise à l'idée de transporter un petit insecte dans leur poche de pantalon. Un coléoptère doté d'une mentalité magnétique, qui les suivait partout et qu'on ne pouvait éteindre à l'instar d'un rasoir électrique ou d'une machine à café. Imaginons une machine à café renfermant le corps et l'âme d'un fidèle cocker.

[ Et Charybde 1 est pleinement d'accord... ]

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