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Barbares

de Érik RéMèS

Barbares

Prix éditeur : 15,00 €

Collection : suspense-noir

Éditeur : CHRISTOPHE LUCQUIN ÉDITEUR

EAN : 9782919000678

Parution : 7 mars 2013

Pagination : 180 p.

Quatrième de couverture

 

Le narrateur est le Barbare. Le chef du Gang des Barbares qui enlève, séquestre et torture un jeune homosexuel, par pure homophobie et appât du gain puisqu’il demande une rançon. Celle-ci tardant à arriver s’installe un rapport très malsain et extrêmement violent entre le détenu, « l’Enculé » et le kidnappeur, « le Barbare ».

Dire que ce livre est violent est un doux euphémisme. Inspiré par le gang des Barbares et Youssouf Fofana qui ont enlevé, torturé et tué un jeune juif, Ilan Halimi en 2006, Erik Rémès se met dans la tête du chef des barbares qui raconte d’une part l’enlèvement et la séquestration et d’autre part son histoire et la montée de la violence en lui et dans la société. « La violence des mots fait partie de notre monde. Elle s’incruste au bahut. Où se forgent nos langages assassins ? Cette barbarie verbale du quotidien qui conduit certains -et pas les plus fragiles, au contraire- au passage à l’acte. »

Au fil des pages, on apprend comment on peut en arriver à ce stade ultime de la violence de la haine et de la négation de l’autre en tant qu’individu. 

Sommaire

Extraits :

 

« La violence des mots fait partie de notre monde. Elle s’incruste au bahut. Où se forgent nos langages assassins ? Cette barbarie verbale du quotidien qui conduit certains -et pas les plus fragiles, au contraire- au passage à l’acte. »

“Je m’appelle le Barbare. Je me comporte comme un dur. Toujours sur mes gardes. Méfiant. Pourtant, pour les voisins, je suis un « jeune homme ordinaire, en jeans et baskets, qui dit bonjour, au revoir, c’est tout ». Personne ne peut m’imaginer comme un chef de gang. Du côté de ma famille, tout le monde me trouve gentil.

Je suis bien connu des flics pour « outrages et rébellions ». C’est normal avec quatre condamnations dès l’âge de dix-huit berges, pour vol avec violence, dont une a fait un blessé. Ma dernière peine remonte à 2001, j’ai effectué quatre ans de prison au total. Au chômedu depuis ma sortie de cabane.

La flicaille se souvient de moi comme d’un tcharbé qui se transforme vite en petit malfrat. En cellule me vient ma haine des keufs. Quand je quitte la taule, je fous les pieds dans des structures d’insertion à la con. Mais je n’y crois pas une seconde. Au lycée pro, où j’essaye pendant deux ans de devenir un connard de plombier, je commence à couler. Je suis alors un élève difficile. Très perturbé et vicieux. Un jour, je me dispute avec un garçon super balaise, je sors une bombe lacrymo. Je l’asperge avant de le bastonner à donf. Tout le temps absent des cours, je traîne toujours dehors. Je passe mon CAP, mais n’obtiens pas mon BEP. Pour les exams, je crèche en cabane.

Au bar-tabac de la place, avec les potes. Une dame qui habite une maison à proximité de nos HLM raconte au comptoir, totale bourrée, qu’elle a été cambriolée cinq fois en quatre ans. « La dernière, elle lance, c’était il y a un mois, j’ai plus un bijou ». Récemment, le mec du bar-tabac s’est lui-même bastonné avec un type. Ils étaient venus à trois dans le magasin pour choucrouter des cassettes.”

 

 

“Dans nos banlieues, on se contrefout des élections. Dans mon quartier, on compte 1 400 électeurs, dont 700 environ de nationalité française en âge de voter. Parmi eux, 500 seulement se sont inscrits sur les listes en 2002. Et au premier tour de la présidentielle, moins de 300 de ces personnes se sont déplacées. Seules 150 d’entre eux se prononcent régulièrement. Rock and roll. Même s’il y a un mouvement plus important d’inscription ces derniers temps, la participation est aujourd’hui minoritaire alors que l’abstention est devenue la norme.

Ainsi, en 2001, le maire de Saint-Denis a été élu au premier scrutin, avec un peu moins de 7 500 voix sur une population de 85 000 habitants. Son prédécesseur, quant à lui, a été nommé au premier suffrage avec 20 515 voix. La France en voie d’américanisation électorale. Depuis les années 1980, c’est le règne de l’abstention, deux fois plus rapide dans nos banlieues populaires que dans le reste du pays. Les militants et syndicats ont totalement disparu.

Une partie des membres du Gang des Barbares connaît à peine les noms des mecs pour l’élection présidentielle. Ils ne savent même pas différencier la droite et la gauche et, encore moins entre la gauche et ses extrêmes. Ici, la politique est perçue comme un spectacle assez délirant et incompréhensible, débile.”

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