Mots immuns

Quatrième de couverture

Samuel Zittoun

Interne en psychiatrie à Paris,
Samuel Zittoun nous permet d’entrevoir
les horizons littéraires que la médecine
peut offrir.
En puisant une partie de sa matière à
écriture dans la relation soignant-soigné,
il prouve que la science médicale abrite,
entre autres, une part de poésie.

« Si la littérature me forge comme soi- gnante, c’est peut-être par l’écriture que je parviens pleinement à rejoindre l’autre versant du soin, celui du patient. Écrire, c’est prendre une place. La sienne, d’abord, et celle d’autrui, ensuite, par un jeu de transposition et de langage. Écrire, c’est pouvoir être autrement la nuit, le ciel, la folie, la tendresse, la maladie. »
Ouanessa Younsi
Poétesse et psychiatre

Après un bon quart d’heure de monologue, papa s’impatiente, on dit au revoir et on monte. Parce que quand papa s’impatiente il vaut mieux que les choses aillent aussi vite que le calcul. Dans le service les murs sont blancs, l’air a une odeur de blanc, les vêtements des médecins aussi sont blancs.

Mémé n’aime pas le blanc, elle m’a toujours dit de ne jamais laisser mes feuilles blanches. Il faut les remplir, les faire vivre, les teinter de poèmes, de croquis, d’aquarelles.

Comme elle aime à le répéter : « Le tout-blanc est la couleur de ceux qui pensent ne pas avoir encore vécu et le tout-noir celle de ceux qui pensent avoir trop vécu. »

Mémé, elle, s’habille en gris, en nuance, en couleur, sans absence.

On avance jusqu’à la chambre de Mémé, Papa me dit d’attendre en dehors de la chambre. Maman reste avec moi.

Je ne comprends pas cette volonté des grandes per- sonnes de toujours vouloir tout contrôler. J’aper- çois Mémé dans l’entrebâillement de la porte, elle a l’air de dormir - mince moi qui voulais faire une partie de dames...

Sommaire

Et le temps sera à toi.........................................9
Poèmes ..............................................................23
Mille et un sens ................................................35
Un clou pousse l’autre.....................................87
À la gauche d’Élise........................................101