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L'oiseau moqueur

L'Oiseau moqueur

L'Oiseau moqueur
de Sean STEWART
ed. CALMANN-LÉVY

Pour aller au fond du fond comme disait toujours maman, voici l'histoire de ma grossesse, je tiens à ce que ce soit clair dès le départ. Il faut bien avouer qu'entre la magie, les gens partis au cimetierre, ceux qui ont refusé d'y rester et les millions de dollars d'enjeux en spéculations pétrolières, ce fut une gestation peu ordinaire ; je mentirais en disant qu'il n'y a eu ni prophétie, ni exorcisme, ni ouragan, or le mensonge me révulse...
 
Toni Beauchamp est la fille d'Elena Beauchamp (Houston, Texas). Fille de sorcière donc.
Plutôt que de magie on peut parler de dons en échange de possessions au parfum de vaudou. Elena Beauchamp peut faire revenir un mort ou prédire l'avenir, mais elle doit alors accepter de se faire chevaucher par l'un des six Cavaliers : l'Oiseau Moqueur, le Prédicateur, Sugar, Pierrot, la Veuve, M. Ferraille ; et la Petite Fille Perdue.
 
A la mort de sa mère, Toni n'a rien pardonné. Ni les "absences", ni les excentricités, ni le surréalisme qui a marqué son enfance. Toni est une boule de ressentiment qui vient de perdre son objet. Comme un bouleversement n'arrive pas seul, elle vient de se faire inséminer par désir d'enfant, est donc en recherche d'un père potentiel pour l'élever, et, cerise sur le gâteau, hérite du "don" de sa mère. Ca fait beaucoup.
 
Orpheline depuis peu et mère en devenir, Toni se débat dans un présent tiraillé, mouvant, malmené par des divinités mineures peu attentives aux questionnements des humains.
Jeune femme moderne dans un Texas caniculaire où les gens passent leur temps à s'ouvrir des cannettes glacées devant des ventilateurs paresseux, Toni se tient en équilibre sur un moment charnière de sa vie. Les souvenirs remontent, les plaies se rouvrent ; et en miroir, les projections vers l'avenir : quelle mère veut-elle être, comment accepter ou refuser cet héritage qui pulvérise son quotidien après avoir pourri son enfance...
 
Comme dans Dead Kennedy, Sean Stewart a le don pour insuffler des éléments fantastiques dans un Texas contemporain peu propice au rêve : familles compliquées, canicule, boulots merdiques... et un don/fardeau dont ses personnages ne savent pas trop quoi faire, étant donné qu'ils sont déjà en train d'essayer de récupérer leur vie à la petite cuiller.
 
L'oiseau moqueur n'est ni tragique ni douloureux, mais profondément émouvant, énergique et poétique.